Voilà une nouvelle réalisée dans la nuit du samedi 1er septembre entre 2 et 6 heures du matin.
/!\ Attention cette histoire n'a pas un but comique, il se peut qu'elle choque certaines personnes entre 2 et 8 ans. En même temps il y a très peu de chance qu'un enfant entre 2 et 8 ans capable de lire suive ce blog...
Aujo un clown, un
homme.
Les douze coups sonnent dans le petit village de Canigranle.
Aujo ne dort pas, les yeux rivés sur le plafond de sa caravane. Les événements
de la journée l’ont troublé. Il était triste depuis que le cirque avait dressé
le chapiteau sur la place ridiculement grande du petit village de Canigranle.
Une église, une supérette, une école et plus ou moins 2000 habitants, bref un
village perdu au milieu des montagnes du massif central. «Le grand cirque du
grain de sable» avait décidé de faire une dizaine de représentations pour la
modique somme de dix euros la place. Aujo étouffait dans sont ''abri'' de
plastique et de métal. Alors il se leva et ouvrit une fenêtre. L’air froid et
humide de l’extérieur s’engouffra dans sa caravane et y chassa l’odeur de
transpiration et de moisissure. Il regarda par l’ouverture de sa boîte de
conserve et resta passif un petit moment devant le paysage qu'elle lui offrait.
Une vue plongeante sur une forêt de densité moyenne tachée ça et là par
quelques vieilles habitations de pierre qui avaient pour la plupart le double
de l’âge d’Aujo. Une rivière venait
séparer ce paysage en deux de telle manière que l’on aurait pu penser que de
l’autre côté se trouve un pays différent.
Aujo prit une grande goulée d’air
puis il soupira en guise de réponse à cette nature qui le narguait.
Il n’avait
même pas relevé le fait que la lune brillait bien plus que d’habitude, pas que
la lune soit un sujet préoccupant pour notre ami mais, quelque part dans les
Pyrénées, un petit garçon fit le constat évoqué. Aujo partit s'asseoir devant
sa maquilleuse et jeta un regard sur l’image qui n’est autre que les rayons
lumineux qui, âpres avoir rebondit sur sa figure, rebondirent sur la surface
lisse du miroir avant d’être captés par son œil. D’ailleurs son œil gauche
était encore gonflé et il avait pris une teinte violacée. Apparemment les gens
de ce village n’aiment pas les clowns. Ce que notre ami ignorait, c’est qu’il y
a de ça dix ans jour pour jour, un cirque s’était installé dans ce village et
avait organisé plusieurs cambriolages, bien évidement c’était le clown qui
était de corvée car bon nombre des Hommes ont la phobie des clowns. En tout cas
les jeunes qui avaient violenté notre ami n’avaient pas peur de ces personnages
à la peau claire et au nez pourpre.
Il
aurait pu être trapéziste ou même dresseur de fauve, voire Acrobate. Il aurait
pu être homme canon, jongleur, cracheur de feu. En réalité il savait réaliser
tous les numéros de chaque artiste présent sous le chapiteau. Mais personne ne
savait ne pas faire, voila pourquoi il était clown. Personne n’était assez doué
pour se faire agresser par un fauve sans se faire blesser, ou encore, faire une
chute de cinq mètres sans rien se fracturer. Il était trop doué pour faire ce
qu’il voulait. Bien évidement le métier de clown est un métier ingrat et aucune
personne normalement constituée n’accepterait une telle humiliation. Personne
ne voudrait sortir avec un clown par exemple. Pourtant Aujo était très beau
garçon. Musclé, un mètre quatre-vingt, un visage aigu et fin, des yeux verts et
des cheveux coupés courts de couleur noire.
Au début il avait refusé ce job.
Puis il avait vu un enfant pleurer devant le stand de tir à la carabine. Il
avait alors réalisé quelques pitreries pour faire sourire l’enfant et, lorsque
celui-ci oublia la raison de son chagrin pour se concentrer sur cet homme qui
était définitivement tombé bien bas, il ne sût comment réagir si ce n’est par
une quinte de rire violente. Aujo, lui, fut frappé par la beauté de la scène.
Cet enfant qui n’avait pas plus de huit ans, les yeux rougis par les larmes, un
morceau de tissu dans sa main gauche qui était elle-même ramenée sous son œil,
la figure fendue par un énorme et attendrissant sourire. Notre clown, qui ne
l’était pas encore à ce moment, décida de le devenir. Six ans plus tard il
était là triste, assis devant sa maquilleuse, dans sa caravane miteuse, dans ce
village ridiculement petit et inhospitalier. Les enfants ne rigolaient que
rarement à ses pitreries qui régalaient plutôt les parents. Après tout ce n’est
pas tous les jours que l’on peut voir la raison de nos plus grandes phobies se
prendre une quille dans la figure alors que cette même raison fait du trapèze.
Des larmes embuèrent la vue d’Aujo, le clown repensa à Suzie. Ha oui, Suzie
douce femme aux grands yeux curieux et bleus, à la chevelure de feu et à la
peau de crème. Oui, Suzie était décidément le grand amour d’Aujo. Peut-être
même se serait-elle intéressée à celui-ci s'il avait laissé Johny se noyer dans
ce fleuve près des Pyrénées plutôt que de sauter à l’eau pour le repêcher.
Maintenant Suzie s’était mariée avec Johny le trapéziste. Le clown dût même
apporter les alliances. Décidément la vie s’est bien foutue de sa gueule.
Le
voila maintenant calme, toujours assis devant sa coiffeuse, le canon de son
magnum dans la bouche, l’index de sa main droite sur la gâchette prêt à
appuyer. Ce qu’il fit. Au milieu de la nuit on entendit une grosse détonation.
Un petit garçon cru qu’il s’agissait du tonnerre, mais finalement ce n’était
rien de plus que notre ami Aujo le clown qui éparpillait sa cervelle dans sa
prison: un morceau de ferraille à roulette qui le retenait prisonnier car elle
était censée être sa maison. La bouche encore fumante, le pistolet par terre au
milieu d’une large flaque de sang épais mêlé à quelques morceaux de cervelle ça
et là. Plus personne n’oserait dire qu’il avait la tête creuse maintenant que
son crâne était à moitié explosé, ouvert au monde, rempli d’air et d’autres
choses vivantes, dans cette carcasse maintenant vide de vie.
Le plus drôle dans
cette histoire c’est que les gens du cirque ont mis trois jours pour se rendre
compte qu’il était mort. C’est d’ailleurs Suzie qui découvrit le cadavre. Imaginez
le choc pour elle alors qu'elle allait proposer au clown triste de s’enfuir
avec elle. Décidément la vie s'est bel et bien foutue de sa gueule.
#################################################################################
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------#################################################################################
Et voilà! Bon, j'espère que ça vous a plus. N'hésitez pas à laisser un commentaire.
Bref.
Il fallait bien un début et bien en voilà la fin.
Cacahuète \o/!